Le Lindy Hop est une danse à deux dynamique et joyeuse, née de l’oppression et transgressive par nature, qui se danse sur des tempos très variés, du lent au très rapide
Le Lindy Hop est une danse de société afro-américaine née au milieu des années 1920 à Harlem (New York). Ce quartier, majoritairement noir et ségrégué, est le théâtre de la Harlem Renaissance, un moment d’effervescence culturelle et politique ayant permis à de multiples voix noires américaines d’émerger dans des domaines tels que la littérature et les arts.
Le Lindy Hop est une des danses qui ont émergé de la musique swing, courant du jazz en vogue à cette époque. Il s’est en particulier déployé à partir de l’ouverture du Savoy Ballroom en 1926. Ce club se voulait un lieu raffiné et non discriminatoire, contrairement aux autres clubs qui pratiquaient la ségrégation. Là bas, le Lindy Hop a côtoyé de nombreuses autres danses de société1,2.
Le Lindy Hop est à cette époque un espace de libération pour une population opprimée par la société et le racisme. Il baigne en effet dans une histoire profondément marquée par la ségrégation de la population noire aux États-Unis : d’abord par l’expérience fondatrice de l’esclavage mais aussi par celle des lois Jim Crow, mises en place pour entraver les droits des personnes noires après la Guerre de Sécession. Les différentes images du Lindy Hop, produites majoritairement par le cinéma, ne permettent pas systématiquement d’avoir conscience de ces enjeux.
Le Lindy Hop a connu un regain de popularité et de médiatisation à partir des années 1980, à la suite de la forte implication de plusieurs danseurs et danseuses ayant participé à son développement pendant l’ère swing, comme Frankie Manning, Norma Miller3 et Al Minns. Il existe aujourd’hui de nombreuses scènes où le Lindy Hop existe et se transforme dans le cadre d’événements festifs locaux et internationaux, de la Corée à l’Ouganda en passant par la Suède, la France, l’Australie ou la Lituanie. Cette culture a été préservée et transmise tout en évoluant avec son temps, se révélant parfois aux prises avec des sujets contemporains comme le racisme et l’appropriation culturelle jusqu’à la notion d’ethnocide.